Je me suis installée à la terrasse d’un café parisien, j’ose profiter du soleil renaissant. Je fume. Première cigarette du printemps. Paris… Chaque petite vaguelette de la Seine semble briller d’une lumière pure, dorée, pareil à la croûte d’une tarte aux pommes. Les passants se dépêchent, le monde semble pressé. De quoi ? Pourquoi croit-on que la vie court plus vite que soit, que l’on se doit de la rattraper ? J’ai tellement attendu ce jour, fin de la Mort dirigée par le temps, l’hiver, où je pourrais enfin me sentir sereine, les bras nus, les yeux protégés par des immenses verres opaques, un chapeau posé sur ma tête. Le jour où je savourerais une eau de citron, une cigarette, en regardant les gens marcher de pas lourds, poids de
Ce qui s’élève devant moi est la Beauté par excellence. L’intelligence qui l’a imaginée, les sciences qui l’ont réfléchis, et les mains qui l’ont façonnées, ne peuvent qu’être sources d’admiration. Je côtoie
Je suis allée voir une vieille pièce de Corneille aujourd’hui. Seule. Je préfère. Ainsi, plus rien ne me rattache à la réalité, je me fonds dans la comédie comme si j’y jouais, comme si j’y vivais. Lorsque je quitte cette salle,
J’ai eu aujourd’hui une sensation que je ne connaissais pas, alors que L’illusion comique est une pièce que je me suis déjà fait le plaisir, non ! je dirais même : la jouissance, d’avoir vu plusieurs fois, mise en scène différemment. J’étais irrémédiablement absorbée par le jeu, quand je me suis rendue compte que son auteur, mort depuis des dizaines et des dizaines d’années, ne l’imaginait sans doute pas interpréter de cette manière lorsqu’il l’avait écrit. J’ai eu le sentiment que les acteurs ressuscitaient Corneille à chaque vers. A chaque rime, je comprenais mieux ce qu’il avait voulu dire, ce qu’il avait voulu critiquer, le message qu’il avait voulu faire passer. Avec le recul, je suis maintenant capable de lister toutes les pièces que j’ai pu voir, j’ai pu m’y replonger (en commandant plusieurs eaux de citron), et réaliser quelque chose qui m’a fait comprendre mon amour pour le théâtre : chaque dramaturge a voulu critiquer, ou faire remarquer, un fait social, collectif ou propre à chacun (ici : la sévérité, la culpabilisation, l’amour entre père et fils, l’illusion, la naïveté employée face au dernier espoir…), et chaque metteur en scène, d’une manière ou d’une autre, fait revivre par un jeu l’auteur des idées qu’ils se sentent incapable de formuler. Et cela n’est possible que lorsque l’illusion, s’il y a lieu, est devant soi.
Photo : Le café de Flore - Jeanloup Sieff
Petit beug, veuillez m'excuser pour le "gros paté" qu'est mon texte ;) !
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