
J’étais au lycée. C’était un petit lycée de campagne, que la région avait essayé d’édifier le plus près possible du centre ville, qui restait néanmoins bourré de tracteurs et d’hommes aux chapeaux de pailles, emportant avec eux les odeurs plus ou moins nauséabondes du milieu fermier. C’était une école plutôt plate et longue, mais qui donnait l’impression, lors d’une vue d’ensemble, d’être respectée par les autres bâtiments, qui se faisaient petits et rabougris par rapport à elle. Je n’en voulais à personne, ni de m’avoir fait emménagé à la campagne, ni d’avoir fait de ma ville ce qu’elle était : un village bourré de jeunes pseudo délinquant de quatorze ans qui fumaient des joints en jogging Adidas à minuit en taguant des « blazs » différents chaque jour sur des murs que personne ne prenait le temps de regarder (sauf peut-être les jours de marché) ; ou bien des quinquagénaires restant dans leur maison qu’il pleuve ou qu’il vente ou que le soleil brille, caressant leur chat sur leur genoux et appréciant la sensation de douceur qui les envahissait dés lors en regardant « Question pour un champion » ; ou bien des familles qui se promenaient tous les dimanches à quinze heure pour digérer des repas typiques, économiques et équilibrés, ces familles dont l’homme monologuait sur les bienfaits de la nature, la femme l’écoutait d’une oreille qui se faisait distraite, un enfant écoutait de la techno, casque sur les oreilles et mains au fond des poches… Et puis il y avait ceux que je préférais, ceux que j’aimais appeler la Petite Bourgeoisie. Dans un coin du village, là où la campagne se faisait moins abondante, la Petite Bourgeoisie régnait, aimant à se dorer la pilule sous un soleil pale de printemps ou tapant d’été, et rythmant leur vie de soirées réputées.
Je ne savais même pas vraiment pourquoi j’étais là bas. J’avais suivi une bande d’amis qui m’avait prié de les suivre. Je crois qu’on devait fêter les vingt ans de je ne sais quelle futur starlette dénigrant la campagne. Inutile de préciser que je venais les mains vides… vides de cadeaux en tous cas, parce que mon sac que je portais à bout de bras contenant une quantité de préservatifs et de cigarettes que je n’ai pas envie de définir. Si les gens étaient encore habillés autour de la piscine, ils l’étaient avec classe. Les filles portaient des robes parfaites, assorties de bracelets clinquants ou de diamants, et les hommes s’étaient vêtus de chemisettes et de pantalon à pinces des plus ravissants. Les autres possédaient un bronzage parfait, et je suis sûre que même l’intérieur des doigts de pieds avait cette magnifique teinte brunâtre d’été.
Je savais chez qui je me rendais et j’avais prévu le coup. Je me suis tout de suite mise dans l’ambiance en commandant, à un bar peuplé de beau gosses richissimes, un Mojito que j’avala très vite. Je me suis très vite sentie seule, et j’engagea alors la conversation avec un groupe de jeunes qui me paraissaient un peu décalés par rapport au reste de la populace. Nous étions assis en cercle dans des canapés doux et confortables sur lesquels on avait envie de rester toute notre vie, et nous bavardions. Ils étaient une dizaine à s’appeler les Squatteurs. Ils apprenaient par n’importe quelle connaissance l’existence d’une fête, d’un anniversaire, d’un buffet ou d’un concert, et ils faisaient des ces évènements leur principale source de distraction. Ainsi, ils faisaient un nombre de rencontre inimaginable, se trouvaient parfois dans des situations délirantes, et avaient toujours un bon nombre d’anecdotes à raconter.
Il se trouva que ces personnes ne passaient pas leur temps à papoter. Je les vis ce servir au bar, au buffet, et faire des plongeons époustouflant dans une piscine peuplée de couple s’embrassant, d'amis papotant une coupe à la main, de parasites éclaboussant par ci par là, et de groupe ayant passés trop de temps au bar avant de venir faire des sauts dans l'eau claire et chlorée de la piscine … Je restais assise à fumer tranquillement sur un des canapés à côté d’une des Squatteuses.
- Toi aussi tu fais un peu tache sur le tableau ! me dit-elle.
- C'est-à-dire ?
- Tu ne viens pas de ce monde.
- Non ! Je viens du plus profond de la campagne, mais j’ai une vie sociale qui m’emmène dans des endroits où je fais tache !
Elle sourit, me tendit sa main et se présenta :
- Ingrid !
- Michelle. Mais on m’appelle Chayle !
- Chayle, je vais t’apprendre à profiter.
Elle m’invita à me mettre en maillot de bain, et elle fit de même. Malgré le fait qu’elle n’était qu’une Squatteuse, Ingrid avait le même physique prometteur que cette Bourgeoisie et portait un maillot blanc immaculé, sur une peau brunit. Elle sauta dans la piscine gracieusement, sans porter aucune attention à sa couche de cheveux superficielle, alors que toutes les autres baigneuses étaient coiffées d’un brushing qu’elles n’auraient mouillés pour rien au monde.
Je fis une bombe explosive au beau milieu de la piscine, provoquant quelques plaintes et jurons. Vivre du bonheur et de la richesse des autres me convenait, et le côté excentrique, que certains gens repoussaient mais que j’avais en moi, prenait le dessus sur mon instinct calme et respectueux : je voulais vivre de soirée, rencontrer des gens avec qui pouvoir faire des expériences inimaginables. Je sautai, et je commençai une aire d’oisiveté…
Jaime bien , cest très bien écrit =)
RépondreSupprimerIL y a qq erreurs ou trucs qui 'clochent', mais cets très bien =)
<3